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DOSSIER : "Ardi : Le singe descend de l'homme !" - Philomag Décembre/Janvier 2009- Avant Lucy, Ardi. Faut-il revoir le schéma de l'évolution ?

l'Article du site Philomag :

"Ardi : Le singe descend de l'homme !

Non ce n'est pas une blague ou une hypothèse philosophique saugrenue. Mais la conséquence d'une découverte scientifique qui a fait le tour du monde sans qu'on ne mesure sa réelle portée.

Qu'a-t-on a découvert ?
Une équipe scientifique internationale a mis à jour Ardi, le squelette d'une hominidée vivant en Éthiopie il y a 4,4 millions d'années. Publié dans un dossier spécial de la revue américaine, Science, en date du 2 octobre, le cas Ardi fait aussitôt le tour de la presse mondiale, de l'édito du New York Times à 20 minutes en passant par Al Jazeera (voir les liens infra). Beaucoup plus vieille que Lucy (2,5 M), Ardi révèle que notre plus vieil ancêtre était déjà bipède : il marchait sur ses deux pieds et non à quatre pattes.

Carte des découvertes.

Représentation artistique d'Ardi.
En quoi cela bouleverse-t-il notre vision des origines ?
Jusqu'ici on s'imaginait que l'homme, issu de la même branche que les grands singes, s'était différencié, en se dressant sur ses pieds (vers 2,5 millions d'années). Si l'ancêtre commun de l'homme et des singes, que l'on se représentait comme un grand singe, était déjà debout, alors, il faut inverser le schéma de l'évolution.


La découverte d'Ardi réfute-t-elle la théorie de l'évolution de Darwin ?
Les créationnistes américains et musulmans se sont déjà emparés du cas de Ardi pour clamer que Dieu avait créé l'homme à son image – debout. En réalité, si Ardi bouleverse le schéma de l'évolution, il confirme le principe darwinien d'une origine animale de l'humanité et d'une différenciation des espèces s'adaptant à la modification de leur milieu.

En quoi cela nous concerne-t-il directement ?
Ardi nous prive du grand événement qui permettait de penser l'émergence de l'humanité. Si la station droite – associée au développement de l'outil et du cerveau – ne suffit plus à distinguer l'homme et l'animal, alors il faut se forger une nouvelle idée du propre de l'homme sur la base d'un partage de l'ensemble de ses compétences avec les grands singes.


En mettant en perspective la cas de Ardi, Philosophie magazine montre dans numéro à paraître jeudi 25 novembre que c'est toute notre vision des origines qui est bouleversée et interroge les spécialistes (paléontologues, éthologues et philosophes) sur leur conception renouvelée du propre de l'homme. Avec Yves Coppens, Franz de Waal, Dominique Lestel, Peter Singer, Etienne Bimbenet, Robert Legros et Pascal Engel.

L'événement

1er octobre : une conférence de presse est tenue à Washington aux États-Unis, et simultanément à Addis-Abeba en Éthiopie.

2 octobre : parution du numéro spécial de Science consacré à Ardipithecus ramidus. 11 articles, rédigés par 47 scientifiques venant de 10 pays différents, y exposent les résultats de plus de quinze années de recherche.
On découvre en particulier qu'Ardi – surnom donné au squelette le plus complet qui a été retrouvé – était déjà capable de se tenir debout. On trouve sur le site du Guardian une reconstitution saisissante de la marche d'Ardi.


La couverture de l'événement dans la presse

La presse internationale s'empare aussitôt de l'information : la découverte phare est relayée dans la journée par :
• le New York Times, dans un article du 1er octobre et qui lui consacre même son éditorial le 7
Time
National geographic
The Guardian
Le Monde
Sciences et Avenir
l'Express
20 minutes

puis dans les jours suivants par :
Courrier international (reprenant le Washington Post)
France soir
Les Échos
Le Figaro

La polémique avec les créationnistes

Cette découverte, et notamment la déclaration du biologiste Owen Lovejoy, « l'homme ne descend pas du singe », jette aussitôt le trouble : elle est relayée sans précaution par certains journaux, tel que le Metro canadien.

3 octobre 2009 : Al Jazeera fait part de la découverte d'Ardi sous le titre « Ardi réfute la théorie de Darwin »
Le docteur en géologie Zaghloul El-Naggar y affirme que « les Occidentaux reviennent à la raison, après avoir traité les origines de l'homme dans une perspective matérialiste et nié la religion ». Il ajoute que l'âge de la Terre n'excède pas 400 000 ans et que l'âge de Ardi (4,4 millions d'années) est exagéré.
Le même jour, sur son site, le philosophe américain anti-créationniste Richard Dawkins attire l'attention sur cette récupération.

Les créationnistes américains ne sont pas en reste

6 octobre : le créationniste américain Chris Esparza, qui écrit pour le Dallas Christian Living Examiner, titre son article « le plus vieux squelette humain réfute la théorie du chaînon manquant »

7 octobre : la journaliste Ann Gibbons, de Science, publie un article qui rétablit, contre les créationnistes, le sens de la découverte scientifique : le dernier ancêtre commun que nous partageons avec le chimpanzé ne ressemblait pas à un chimpanzé, on ne peut donc pas prendre modèle sur les singes actuels pour se représenter notre lointain ancêtre.

Ressources pédagogiques :

présentation, en français, du numéro spécial de Science sur le site de l'Aaas (American Association for the Advancement of Science)
compte-rendu de la découverte et nombreuses ressources sur la Préhistoire
de nombreuses vidéos et reconstitutions sur le site de la chaîne Discovery Channel, qui a consacré un documentaire exceptionnel à la découverte d'Ardi (diffusé aux États-Unis le 11 octobre)
site Web consacré par Science à Ardi
• toujours sur le site de Science, une vidéo de l'analyse d'Ardi avec l'interview de son principal découvreur, Tim White
National Geographic : nouveau schéma de l'évolution et exploration des parties du corps de Ardi "

Extrait de l'excellent site Philosophie Magazine :

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